FAIRE FACE AUX VIOLENCES EN MILIEU EDUCATIF
Les violences et bagarres : quelles formes ?
Les violences et bagarres à l’école et dans les espaces de vie collective
Elle peut se manifester par de petites bousculades à répétition, par des jeux qui dérapent ou par des comportements plus brutaux émanant de diverses disputes ou conflits. Elle peut aussi se caractériser par des humiliations, des intimidations, des insultes… Elle peut être isolée, ou diffuse. Avoir lieu dans l’enceinte scolaire, ou à ses abords. A l’école, ou au centre de loisirs, à la cantine…
Les phénomènes de violence - verbale, physique, psychologique, matérielle - diffèrent selon l’âge, la situation ou encore le lieu, les protagonistes. Mais ils ont en commun leur impact sur ceux qui les subissent. Stress, souffrance, baisse de l’estime de soi, mais aussi sentiment d’insécurité au sein d’un groupe, d’un établissement scolaire ou d’un espace de vie collective. Lorsque ces problèmes ne sont pas résolus, la situation risque de se dégrader davantage et entraîner de lourdes conséquences.
Pour les adultes en responsabilité, ces phénomènes peuvent engendrer un sentiment d’impuissance à y faire face.
Les pratiques restauratives en réponse aux violences et bagarres en milieu scolaire, en centres de loisirs et centre d’animation jeunesse
Les pratiques préventives et restauratives proposent alors une palette d’outils pour répondre aux phénomènes de violences et bagarres au sein des établissements scolaires ou lors des temps périscolaires.
L’intervention doit être pensée et construite à différents niveaux, dans un programme global d’actions préventives et curatives au sein du projet d’établissement.
Agir de manière préventive en créant l’atmosphère sereine qui permet la prise en compte d’une difficulté, de faciliter sa résolution et résorber l’apparition de ces phénomènes.
Agir de manière curative en organisant des espaces de dialogue qui permettent à chacun de s’exprimer, prendre sa part de responsabilité, développer son empathie et créer les conditions nécessaires à la non-récidive.
Découvrez nos méthodes pour faire face aux violences et bagarres:
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Exemples et préconisations face aux violences et bagarres au CAJ, au collège et au lycée
Détaillons la situation du groupe d’adolescents du CAJ : bagarres suite à des conflits de voisinage
Le Centre d’Animation Jeunesse est ouvert tous les mercredis après-midi. Un groupe de jeunes, de 13 à 17ans, s’y rend régulièrement. Depuis quelques temps, la directrice repère des tensions entre eux. Ils se disputent régulièrement, se poussent, se rejettent.
En ce nouvel après-midi, Maxime et Soan arrivent au centre très énervés. Le ton monte. Ils se poussent violemment puis se bagarrent. Les autres jeunes du groupe les observent. Certains les encouragent à se battre davantage, d’autres, interloqués, n’osent pas intervenir. Ludo, l’animateur, intervient et les sépare.
Après avoir discuté avec Maxime et Soan, la directrice comprend qu’ils reproduisent un conflit concernant leurs familles et les voisins. Selon leurs propos, d’autres jeunes du groupe se sentent obligés de « choisir leur camp ».
Pour éviter que la situation ne s’aggrave, la directrice propose de réaliser un cercle de parole avec tous les jeunes et Ludo.
Dans un autre temps, de manière complémentaire, une rencontre avec les parents sera réalisée en présence de la direction.
le cercle de parole : la méthode restaurative pour le groupe d’adolescents
L’équipe fait le choix de réaliser un cercle de parole restauratif. A l’aide d’un bâton de parole, chaque adolescent exprime sa version des faits et ce en quoi ils ont été touchés.Il en ressort alors beaucoup d’amertume et de colère suite à ces conflits qui impactent leurs familles. Ils réalisent que les problèmes de leur quartier viennent entraver le bon déroulement de leurs temps de loisirs. Certains se disent navrés d’avoir jugé Maxime et Soan qu’ils ne connaissaient finalement pas – ayant pour seuls échos le discours des adultes. D’autres évoquent leur sentiment d’impuissance.
Un besoin de cohésion de groupe et de dialogue réciproque se fait alors ressentir. La directrice et l’animateur invitent les adolescents à proposer diverses solutions visant à améliorer l’ambiance de leur groupe à l’avenir.
Le dialogue, la franchise et la coopération dominent parmi les solutions retenues.
les plus-values des Pratiques Restauratives pour le groupe d’adolescents du CAJ
Ce cercle restauratif a été bénéfique pour l’ensemble du groupe d’adolescents. Ils en retiennent :- que la violence ne fait qu’aggraver les situations (qu’ils soient directement concernés ou non)
- qu’ils ne sont pas obligés de prendre parti dans les conflits des adultes : qu’ils ont le droit d’avoir une opinion personnelle et différente
- qu’ils peuvent partager des activités extra-scolaires sans pour autant entretenir des relations d’amitié : cohabiter en toute intelligence.
- qu’il est important de développer de la coopération et l’entraide dans un souci de vivre-ensemble.
Examinons la situation de David et Alysson : bagarre au lycée
David et Alysson sont deux élèves du lycée.- David a dit à Alysson qu’il allait voter pour elle aux élections de délégués mais ne l’a pas fait
- A la sortie du cours de sport, Alysson a poussé David et lui a donné un coup de pied
- Lorsqu’elle a tenté de lui donner un deuxième coup de pied, David lui a pris la jambe, l’a fait tomber
- David a mis ses mains sur la gorge d’Alysson pour la faire taire et attendre qu’elle se calme
- Le professeur de sport rédige un rapport d’incident et le transmet au Proviseur.
- Les parents d’Alysson ont porté plainte contre David, appuyé d’un certificat médical avec trois jours d’ITT.
- Le Proviseur du lycée demande à un enseignant initié aux pratiques préventives et restauratives de réaliser une médiation, appuyé par un membre de l’équipe Diapason.
« la médiation » : la méthode restaurative utilisée suite à la bagarre de David et Alysson
L’incident concerne deux jeunes : une médiation est proposée en parallèle de la procédure du dépôt de plainte. Cette médiation a pour but d’apaiser les tensions entre les deux jeunes, scolarisés dans le même établissement, afin que l’année scolaire se termine le plus sereinement possible. Ils ont accepté, ainsi que leurs parents.
Les adolescents sont reçus dans un premier temps à tour de rôle par un binôme de médiateurs : un enseignant initié aux pratiques préventives et restauratives et un membre de l’équipe Diapason.
Ils ont pu, chacun leur tour, exposer leur version des faits ainsi que leurs ressentis.
David dit s’être senti énervé et humilié d’avoir reçu un coup de la part d’une fille devant d’autres camarades.
Alysson verbalise avoir peur des conséquences de son comportement au niveau du lycée, elle se dit stressée par la situation. Le plus dur pour elle est que David soit dans sa classe et qu’elle le croise quotidiennement.
Pour réparer, David et Alysson ont proposé :
- De ne plus prêter attention l’un à l’autre
- Expliquer la situation aux enseignants pour ne plus avoir à réaliser de travaux en commun
- D’interpeller le proviseur si un autre évènement se répète.
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les plus-values des pratiques restauratives suite à la bagarre de David et Alysson
Cette médiation entre David et Alysson a permis à :- David et Alysson de verbaliser leurs ressentis dans un cadre sécurisant
- Chacun de développer leur empathie en mesurant les conséquences de leurs gestes
- David et Alyson de trouver ensemble des solutions pour continuer à cohabiter dans la même classe (malgré le dépôt de plainte en parallèle)
Examinons la situation de Joris et Stéphane : gestes violents au collège
Joris et Stéphane sont deux élèves de 6ième.
- Ils jouent ensemble régulièrement lors de la récréation
- Ils se taquinent, se mettent par terre, se bousculent, et en rigolent
- Joris donne une claque à l’arrière de la tête de Stéphane.
- Celui-ci réagit vivement, se met en colère et redonne une claque à Joris.
- Un assistant d’éducation, témoin de la scène, sépare les deux garçons dont la colère est très vive
- Cette situation est évoquée avec le Conseiller Principal d’Education du collège qui leur propose d’être reçu par des élèves-médiateurs : « médiation par les pairs »
la médiation par les pairs : la méthode restaurative en réponse aux violences de Joris et Stéphane
Ce conflit relève d’une situation mineure : elle peut être gérée, par le binôme de collégiens médiateurs pairs.
Les deux élèves médiateurs reçoivent individuellement Joris et Stéphane en salle de médiation. A l’issu de ces deux entretiens préliminaires, les deux protagonistes acceptent la médiation.
Lors de cette rencontre, Joris et Stéphane expriment leur vision de la situation, leurs ressentis, leurs attentes et formulent des propositions.
Ils réalisent que leurs taquineries et bousculades, vécues au départ comme un jeu, ne l’étaient plus pour Stéphane. Cela a entrainé une escalade de violence et de l’incompréhension.
Les deux jeunes collégiens ont proposé de s’excuser mutuellement. Ils souhaitent davantage verbaliser leurs limites face à l’autre et ce d’une manière correcte : lorsque le jeu devient trop violent ou dérangeant, il est important d’en discuter calmement avec l’autre sans violence ni insultes.
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les plus-values des pratiques restauratives face aux violences de Joris et Stéphane
Réaliser une médiation par les pairs a permis dans cette situation :
- Aux deux garçons de prendre leur part de responsabilité
- A Stéphane d’exprimer sa lassitude et sa colère dans ces jeux vécus, à force de répétition, comme violents
- A Joris de mesurer l’impact des jeux violents et la souffrance de Stéphane
- D’intervenir avant que la violence ne s’accentue et que la situation ne se dégrade